Pourquoi seulement un quart des habitants d’Afrique sub-saharienne (ASS) ont accès à l’eau potable à domicile* ?
Eh bien, ce n’est pas simple…
D’abord, il n’y a pas assez d’argent disponible pour investir dans les infrastructures : il y en a de plus en plus, mais toujours pas suffisamment, car les besoins sont énormes. Seulement 12% des pays d’ASS déclarent disposer d’au moins 75% des moyens pour financer leur programme d’investissement dans les villes**.
Mais ce n’est pas tout. Il y a aussi un manque de moyens humains pour réaliser les projets : seulement 10% des pays d’ASS déclarent disposer d’au moins 75% des ressources humaines nécessaires pour mettre en œuvre leur programme d’investissement en milieu urbain**.
Et, sur le terrain, on constate aussi souvent la trop faible gouvernance du secteur. Si le terme de gouvernance regroupe beaucoup de notions, ce qui saute aux yeux, ce sont :
- le manque de planification des investissements : les programmes d’investissement (¾ des pays d’ASS déclarent disposer d’un tel programme) ne sont pas toujours jugés satisfaisants selon les critères des bailleurs de fonds. Comment expliquer autrement que les pays d’ASS qui disposent de programmes d’investissement sont ceux qui disposent de moins de ressources financières pour les financer, comparativement à ceux qui n’en ont pas ? Et oui : 50% des pays disant disposer d’une planification insuffisante déclarent obtenir en moyenne entre 50% et 75% des fonds nécessaires pour investir !
- plus globalement, le manque de volonté politique pour mettre ce secteur en haut des priorités. Mme Azoulay, aujourd’hui DG de l’UNESCO, a souligné en 2019 que des progrès pourront être réalisés « à condition qu’il existe une volonté collective d’aller de l’avant et que des efforts soient consentis pour inclure ceux qui sont ‘laissés pour compte’ dans les processus de décision ».
Avant l’argent et les hommes, il y a la volonté politique. Et quand on sait que plus de la moitié de la croissance démographique mondiale prévue d’ici 2050 aura lieu en Afrique, il en faudra beaucoup, de volonté politique…
Illustration tirée du « Rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau », ONU, 2019
* Rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau, 2019
** WASH, 2020