Evaluation du secteur de l’électricité au Niger
Les récents évènements au Niger ont braqué les projecteurs sur ce pays et révèlent notamment les fragilités de son secteur de l’électricité. La suspension par le Nigéria de l’approvisionnement en électricité du pays par le barrage de Kainji, qui assurait plus de 70% des ressources, et l’arrêt des travaux du barrage de Kandadji, qui devait être mis en service en 2028, mettent à mal la dynamique de développement en cours.
La mise en service récente de la centrale solaire photovoltaïque de Gorou Banda (30 MW), co-financée par l’Union européenne, l’Agence Française de Développement et le Niger a permis de ‘donner de l’air’, mais le manque d’approvisionnement du pays en électricité demeure, aggravant notamment les délestages.
Rappelons que le taux d’accès à l’électricité au Niger est l’un des plus faibles d’Afrique Sub-Saharienne. Moins d’un ménage sur cinq a accès à ce service. L’accès est encore plus faible en milieu rural (5%) où réside 80% de la population du pays.
Après avoir profondément réformé le secteur en 2015 avec, notamment, un nouveau code de l’électricité et le renforcement des institutions, le gouvernement a adopté en 2018 une Stratégie nationale d’accès à l’électricité (SNAE) visant à assurer une couverture universelle de l’électricité, dont 85% via le réseau interconnecté national.
Pour atteindre cet objectif ambitieux, d’importants projets de développement ont été lancés ces dernières années avec le soutien massif des institutions financières internationales.
La Banque mondiale a souhaité faire un point d’étape de ces efforts réalisés en confiant à Phoenix une mission d’évaluation complète du secteur. Il s’agit d’évaluer le cadre stratégique, juridique, réglementaire et institutionnel du secteur, sa gouvernance et la gestion des ressources humaines, les programmes d’investissement et leur financement, l’équilibre financier du secteur pour, le cas échéant, proposer une réorientation des programmes et des mesures d’accompagnement.
Finalisée en juillet, les résultats de cette mission ont été restitués début septembre. Les axes de progrès portent sur :
- Le renforcement des institutions en charge du pilotage, du développement et de régulation du secteur, avec un accent sur la gouvernance ;
- La modernisation des instruments de gestion opérationnelle de la NIGELEC ;
- Une redéfinition des priorités du programme d’investissement, avec notamment le développement de l’interconnexion régionale et nationale et de la production solaire et la construction de la centrale hydroélectrique de Kandadji ;
- Le retour à l’équilibre financier de la NIGELEC, via la maitrise des augmentations tarifaires et de la dette ;
- L’accélération de l’électrification rurale avec la clarification des conditions de délégation au secteur privé et des règles de tarification.